Devenir un ingénieur du son live, c'est bien plus qu'ajuster des volumes ou régler des micros. C'est un métier exigeant, mêlant technique, créativité et réactivité.
Que ce soit pour des concerts, des festivals ou une conférence, la qualité du son peut transformer une expérience pour le public… où la ruiner. Mais quelles sont les compétences clé pour exceller dans ce domaine ?
Dans cet article, nous allons explorer les 7 compétences indispensables pour tout un véritable ingénieur du son live qui souhaite maîtriser son art et assurer des prestations.
1. Avoir des bases solides dans la théorie du son
La première compétence essentielle pour tout ingénieur du son live est d'avoir des bases solides dans la théorie du son.
En général, cette étape nécessite d'avoir passé quelques mois avoir quelques années dans une école d'enseignement supérieur qui vous délivrer un diplôme de niveau bac + 2 ou u bac + 3 en rapport avec les métiers du son. Voici une liste des écoles qui délivrent ce genre de diplôme : Grim Edif, 3IS, SAE, Studio M, Abbey Road Institute, ISTS, CFPTS, CFPM, ESRA). Avant de vous jeter sur une console il est vraiment importent de maîtriser ce qu'on appelle la structure de gain et le chemin du signal, peu importe la taille et la complexité de votre installation, pour qu'elle fonctionne parfaitement il faut que le signal traverse toute les machines présente sur son trajet avec un niveau adéquat, et vous devez également être capable en 5 secondes de comprendre pourquoi il n'y pas de signal dans un endroit précis de la chaîne, et cela même sous la pression du show qui doit démarrer dans quelques heures. Ensuite, il est également essentiel de comprendre et maîtriser l'échelle des décibels qui est la façon la plus courante de mesurer des niveaux dans le domaine de l'audio, il faut comprendre ce que représente 3 db de plus en sensation sonore. Il est aussi important de ne pas mélanger les différents décibels, par exemple dans le domaine acoustique on par de le db SPL (sound pressure level) qui sont là pour mesurer un niveau de pression sonore, alors que dans le domaine de l'audio numérique on parle de db fs (full scale) qui sont exprimé par une suite de 1 et de 0, vous devez donc maîtriser les grands concepts de la numérisation du signal, le débit audio (16, 24, 32 bits), la fréquence d'échantillonnage (44,1 48, 96 khz), etc. Dans le domaine analogique, on parle plutôt de db vu, il représente une tension électrique et peut dépasser le 0 db contrairement au db fs, en général le 0 db vu correspond à -18 db fs. Depuis quelques années, il est devenu essentiel d'avoir des notions en réseau, c'est-à-dire savoir paramétrer un routeur, câbler un switch, configurer des adresses ip, mettre en place un réseau DANTE entre plusieurs consoles. Evidement, il faut connaître à la perfection toute les consoles son numériques actuelles à savoir Yamaha (CL5,DM7), Allen & Heath (SQ5, Avantis, D Live), Midas (M32, Pro 2, Heritage), Soundcraft (VI1), Digico (SD7, SD8, SD9), etc...
2. Avoir une culture musicale La deuxième compétence essentielle pour tout ingénieur du son live, c'est d'avoir une culture musicale. Pour échanger avec les artistes lorsque vous allez mixer leur concert ou bien gérer les mixs de leur Ear Monitor, il est important d'avoir le vocabulaire adapté à la situation et de connaître les codes liés au style musique, un mix pour un groupe de Jazz sera forcément différent d'un mix de groupe de Rock. Il est également important d'avoir des notions sur le backline, savoir régler un ampli guitare, aligner les niveaux de différentes pédales d'effets, monter une batterie, accorder une batterie. Il est important de maîtriser les outils de production comme par exemple les types de reverbs, delay, compresseurs analogiques qui peuvent être adaptés a certains styles ou certaines textures, savoir comment fonctionne un LA2A, un 11776, un FAIRCHILD, un eq dynamique, un compresseur multi-bande, etc ... Vous devez également travailler votre oreille régulièrement et comparer vos mix a des mixs professionnels pour prendre du recul sur son travail, personnellement, j'enregistre quasiment tous les concerts que je mix en sortie de console, pour analyser mon travail plus tard sur des périodes plus calmes et ainsi améliorer mon travail. Il faut également être capable de comprendre et interpréter la critique du directeur artistique ou de l'artiste qui sera forcément amené à analyser votre travail s'il s'agit d'un poste sur le long terme.
3. Maitriser les systèmes de sonorisation La troisième compétence essentielle pour tout ingénieur du son live qui est souvent mis de côté par certains, c'est savoir dimensionner, installer et calibrer un système de sonorisation.
Certains vous diront que c'est un métier à part en tiers et ils ont raison, sur les grosses installations il y a un ingé système qui est en charge de cette mission-là, seulement quand on travaille sur des systèmes son plus petit, ce poste là n'existe pas forcément donc c'est au mixeur de caler son système, sans parler du fait que vous pouvez très bien être accueilli par un régisseur son qui n'est pas douée dans ce domaine ou qui n'a pas pris le temps de le faire. Ainsi, vous devez donc être en mesure de vérifier si le système est calé correctement et ajuster si besoin, cela veut dire qu'il faut maîtriser des logiciels de mesure comme Smaart Live et être équipé d'un ordinateur portable, une carte son et un micro de mesure calibré, personnellement, j'ai toujours ces outils-là dans mon sac à dos quand je pars sur une prestation. Si vous tournez avec votre propre console, il vaut mieux passer plus de temps sur le calage système que sur votre balance, puisqu'un système bien calibré vous évitera de retoucher tous vos EQ de tranches. Vous devez également être capable de dire au caleur système s'il y en a un, quelle quantité de graves ou quel contour avez vous besoin pour votre show, un concert de Jazz n'aura pas du tout la même balance tonale d'un concert de Dub.
Prenez également quelques minutes pour vérifier si le système son en place couvre bien toute l'audience, si ce n'est pas le cas, il faudra alors soit rajouter des enceintes complémentaires (front fill, out fill, rappels, etc.) soit éventuellement condamné des sièges.
Prenez également le temps d'aller écouter les retours de scène pour voir s'il fonctionne bien et vérifier que leur courbe de réponse en fréquence ne risque pas de vous apporter des problèmes voir des larsens. Il faut également savoir qu'en tant que mixeur, vous êtes responsable du niveau sonore en salle, donc faites attention à respecter les limites du pays dans lequel vous vous trouvez, pour rappel en France la loi nous impose 102 dbA et 118 dbC sur 15 min en tout point accessible au public.
4. Savoir être un bon technicien plateau Suivant la taille de votre chantier, vous aurez avec vous un ou plusieurs techniciens plateau avec qui vous allez devoir collaborer voir diriger, il est important de connaître également les spécificités de ce métier-la, c'est-à-dire : Savoir installer les équipements HF (micro et ear monitor), savoir faire un scan, savoir câbler des antennes déportés, connaître les différents type d'antennes existantes, savoir respecter un plan de fréquences. Dans certaines salles de spectacle comme les théâtres par exemple, c'est souvent au Régisseur son en place de gérer la partie intercom entre les différentes postes, donc vous devez savoir comment câbler une station d'intecom et expliquer à un metteur en scène par exemple comment il doit s'en servir.
Pendant une soirée de concerts avec plusieurs groupes, vous devez savoir gérer les changements de plateau pour que ce soit fait de manière fluide et rapide sans encombre, savoir placer les micros convenablement, faire en sorte de respecter les timings prévus etc...
5. Gérer les relations humaines Si vous êtes régisseur son d'un gros événement il y a de fortes chances que vous ayez la responsabilité de diriger une équipe et de déléguer des taches que vous ne pouvez pas faire vous-même, il est donc important que vous sachiez comment communiquer avec les personnes sous vos ordres de façon efficace et avec tact. Quand vous faites de l'accueil, vous allez parfois tomber sur un groupe qui n'est pas très aimable ou de mauvaise humeur par ce qu'ils n'ont pas beaucoup dormis ces derniers jours et ne sont pas pleinement satisfaits des conditions d'accueil, malgré cela, il faut savoir garder son sang-froid et chercher à trouver des compromis pour que tout se déroule bien. Il faut quand même savoir faire preuve de fermeté et expliquer que les choses ont déjà été négocier en amont par mail et que les plans ne changeront pas à la dernière minute, mais tout en gardant un peu de souplesse sur d'autres aspects comme le patch par exemple.
Il faut également savoir calculer le temps nécessaire à l'équipe pour faire le pré-montage, puis l'installation du groupe puis les balances, afin de réaliser un planning précis et réaliste de la journée.
6. Savoir accueillir un show Sur des grosses opérations dans un stade par exemple, l'équipe son sera constituée de plusieurs dizaines de personnes, mais dans une petite salle de spectacle il y a de grandes chances que vous vous retrouvez seul a gérer le son et l'accueil du groupe. Pour que votre journée se déroule bien vous devez arriver armé, c'est-à-dire anticiper les problèmes, anticiper les retards, arriver en avance, avoir ses outils personnels comme un marqueur, un routeur wifi pour contrôler la console à distance via un iPad, ordinateur portable pour diffuser de la musique et enregistrer le concert, du gaff, un leatherman, une carte son, un micro de mesure, un câble mini jack etc ... Il est également important de se procurer la fiche technique à jour et le rider de la tournée à l'avance et repérer là où il peut y avoir des manques et éventuellement anticiper des solutions avec le technicien que vous allez accueillir.
N'oubliez pas que lorsque la salle de spectacle a acheter le spectacle, vous devez faire tout votre possible pour que le spectacle puisse se dérouler dans les conditions mentionnées dans la fiche technique qui fait partie intégrante du contrat.
Il faut également être équipé pour décharger un camion si besoin et donc avoir ses EPI (gants, chaussure de sécu, casques), être habillé convenablement pour pouvoir travailler.
Une chose importante à rappeler vous ne devez surtout pas être en état d'ébriété, cela peut paraître évident et pourtant, on voit encore des techniciens très alcoolisés pendants les festivals d'été.
7. Esprit d'entrepreneur, discipliné, et patient Si vous êtes intermittent ou en auto entreprise, vous devez dans tous les cas avoir un esprit d'entrepreneur, puisque c'est a vous d'aller trouver vos contrats, si vous attendez que le téléphone sonne pour faire vos cachets vous aller avoir du mal a faire votre statut ou votre CA annuel.
Il faut également savoir gérer votre agenda correctement pour ne pas vous retrouver coincé, il faut que vous preniez le temps de bien gérer vos contrats et/ou factures, de gérer votre comptabilité, vos déclaration URSSAF et/ou pôle emploi, etc ... Personnellement, je gère tout ça via des tableaux Excel qui me permettent de savoir où j'en suis dans mes heures d'intermittence et dans mon CA d'auto-entreprise, et je peux ainsi estimer ce que le Pôle Emploi est censé me verser en fin de mois et vérifier s'ils n'ont pas fait d'erreurs de calcul (ce qui arrive régulièrement). Il faut aussi savoir soigner sa relation client, faire attention à ce que les entreprise qui vous emploient soient contentes de vos services, essayer d'avoir plusieurs clients ou employeurs afin de ne pas mettre tout ses oeufs dans le même panier et se retrouver coincé si une de ces personnes déciderait de ne plus faire appel à vos services.
Je vous conseille aussi de créer un site internet vitrine pour mettre en avant vos différentes compétences. Il est également important d'avoir quelques notions de fiscalité pour savoir comment facturer votre client suivant la situation (CDD, portage, auto-entreprise, sarl, association...) Si vous devez rendre des documents (planning par exemple) ou des fichier audio (sortie de console ou mix live) il faut impérativement savoir calculer avec précision le délai qu'il vous faut pour faire cette tâche-là en prenant un peu de marge afin de ne pas faire faux bond à votre client.
Conclusion : Sur ces 7 compétences, il y a forcément des aspects que vous maîtrisez quasiment à la perfection, et cela est normal puisque notre mémoire est sélective, cependant pour rendre votre profil plus intéressant sur le marché du travail, je vous conseille vivement d'identifier les compétences dans lesquels vous êtes le moins à l'aise et de les travailler via des formations courtes qui peuvent être financé via l'AFDAS ou le compte CPF. Personnellement, j'essaye de me former à de nouveaux aspects de mon métier régulièrement voir quasiment tous les deux ans et cela me permet d'acquérir de nouvelles compétences et d'enrichir mon CV par la même occasion. Pour ce qui est des formations courtes, vous pourrez sûrement trouver ton bonheur dans des centres de formation comme l'INA ou UBITECH. Pour ceux qui sont plutôt orientés studio, je vous conseille les formations Mix With The Master ou PUREMIX. J'espère que ces conseils pourront vous aider dans vos carrières respectives, le plus important étant quand même de garder la passion qui nous anime à faire ce merveilleux travail. Bon week-end. Laurent Poussineau
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